Damien ou la Grand'Peur dans la Vallée du Guiers

Damien ou la Grand'Peur dans la Vallée du Guiers

1989

 

1789... 1989 200 ans après, que reste-t-il de l'idéal de la révolution ?


On est en 1789... Ou un peu avant.

Toutes ces années se ressemblent. Elles furent terribles à plus d'un titre pour les paysans de notre région. Printemps de pluies torrentielles, étés d'orages si violents que les terres furent emportées, hivers rigoureux . . .

Comme si la Nature s'était acharnée sur eux depuis 1786. Beaucoup n'était pas misérables, certains, même vivant à peu près bien... Mais la misère en a frappé beaucoup.

Les récoltes furent médiocres, désastreuses parfois. Et la comtesse de Vallin, dame engagiste, livrant tant de procès contre ceux qui ne pouvaient payer leurs dûs ! C'est tout d'abord la vie quotidienne de ces paysans que nous avons fidèlement reconstituée. Avec leurs joies mais aussi leurs peines et leurs douleurs. La mort est une si proche compagne...

Il suffit de relire les registres d'église pour se rendre compte à quel point elle est présente, la garce : tant de nouveaux nés morts dans les premiers jours, tant d'enfants frappés avant quatre ans. Et les femmes mortes en couches, les hommes disparus si jeunes... La vie, c'était donc la mort et la douleur trop présentes pour qu'on les oublie. Mais la vie ce fut aussi l'annonce de la Révolution, les espoirs suscités de voir abolis les droits féodaux...

Et puis... le 25 juillet 1789, à Aoste survint une rumeur née un peu plus loin, à Lagnieu en Bugey. Des brigands brûleraient les gerbiers... Des brigands ? Quels brigands...? La rumeur est vite folle. Elle file vers Morestel, Bourgoin... Et de l'autre côté gagne Chimilin où l'on sonne le tocsin. Le marché de Pont-de-Beauvoisin... La Folatière, petite commune jouxtant Pont-de-Beauvoisin.

A la Guinguette, un enfant en larmes annonce que Chimilin est en feu. Les paysans s'enfuient dans les bois proches. D'autres s'arment pour se défendre. Ils se regroupent aux Abrets. Brûlent la maison du notaire de Montferrat. Un notaire... Il faut récupérer les terriers, ces fameux titres de propriétés. Aux Abrets, se retrouve la foule des paysans en armes. Ils s'en vont sur la Tour et Bourgoin... La rumeur, et la peur avec elle, gagnent tous les villages des Terres Froides et du Voironnais. Les Savoyards seraient aux portes de la France. 10 000... 20 000...

Vaine et folle rumeur.

Quelques brigands se seraient effectivement battus dans une taverne de Lagnieu... Rien d'autre. Les paysans, la peur passée, sont persuadés d'avoir été trompés. Ce sont les nobles les fautifs... Dans le Viennois, les châteaux sont pillés ou incendiés. Les terriers détruits et brûlés. Bientôt ce sera la nuit du 4 août où mourra la féodalité.

Mais le travail est là. A chaque jour sa peine. Il faudra tant d'années pour que lentement change la condition de vie des paysans... Voilà donc l'histoire, notre histoire que nous évoquons fidèlement ici. Seul Damien Berlioz n'a pas existé. Il aurait pu vivre à cette époque. Nous l'avons inventé parce qu'il faut bien laisser, dans un spectacle, une part à l'imagination.

 

2100 spectateurs ont assisté à ce premier spectacle des Historiales.